Communiqué du 1er juillet

Samedi 1er juillet 2017

L’évacuation musclée, jeudi soir, par la police nationale de notre lieu d’hébergement à la direction du travail (DIRECCTE), après 3 h d’occupation, laisse encore 7 familles qui dorment dans la rue, dont un enfant de trois mois, deux d’un peu plus d’un an, quatre entre 4 ans et 7 ans et trois adolescents.
Le décès à la naissance du petit Santiago a contraint le préfet à loger les parents avec leur autre bébé et le couple dont la jeune femme enceinte doit accoucher le 13 juillet.

Nous ne pourrions que nous satisfaire de constater qu’il existe bel et bien des lieux pour loger ces deux familles si, malheureusement, cette décision préfectorale n’était finalement que l’expression du cynisme de ces grands commis de l’État. En effet c’est la peur des médias réagissant à la mort d’un enfant qui les a poussés à loger cette famille et la jeune femme enceinte, pas leur sens du devoir et leur prétendu respect d’une loi qu’ils ont de nouveau bafouée en rejetant jeudi soir les enfants à la rue, une fois les caméras de France 3 parties (voir leur reportage ici).

Cette évacuation n’a bien sûr en rien modifié notre détermination à continuer nos actions visant à rendre visible ce scandale d’enfants condamnés à dormir dans la rue. La préfecture, la mairie de Valence et le conseil départemental sont restés sourds aux multiples interventions d’enseignants inquiets d’avoir dans leur classe des enfants épuisés, de médecins et des services d’urgence de l’hôpital qui multiplient depuis deux mois les ordonnances indiquant la nécessité d’un hébergement.

Le conseil départemental nous a téléphoné vendredi matin pour nous proposer un rendez-vous promis mais qui n’était pas respecté depuis 10 jours. Cette rencontre se tiendra le lundi 3 juillet à 14 h. Nous y viendrons pour rappeler à Mme Mouton, nouvelle présidente du conseil, qu’elle est responsable de par la loi de la protection de l’enfance, que son prédécesseur M. Labaune a décidé la fermeture du service de l’enfance en octobre 2017 pour l’externaliser au privé, détruisant ainsi tout le travail réalisé par le service et ses agents depuis des années. Nous lui rappellerons notre seule et unique revendication : la mise en place d’un lieu d’hébergement d’urgence de nuit pour tous les enfants français ou étrangers et leurs parents à Valence. Les lieux existent, le coût très faible sera compensé par les économies faites sur les soins d’urgence provoqués par les pathologies graves (hépatites, malaises, maladies) liées à la vie à la rue.

Pour les deux mois de vacances nous allons organiser un hébergement militant des plus jeunes enfants et leurs parents afin de leur permettre de retrouver des forces physiques et surtout morales grâce à la solidarité qui se met en place chez de nombreux Drômois.e.s et Ardéchois.e.s qui nous ont proposé des logements. Nous remercions dès maintenant ces familles qui témoignent que la France n’est pas seulement faite des racistes et des élites qui nous gouvernent. Si pour les deux mois d’été, vous avez un appartement, une maison, des pièces libres pas trop loin de Valence, contactez-nous : contact@collectifrosa.com

Mais cet hébergement n’est, de notre point de vue, pas la solution. Nous ne voulons pas faire le travail du préfet, du maire et du conseil départemental, pas assumer le travail et la responsabilité de l’État.
Les droits de l’enfant et leur protection s’inscrivent tant dans les droits internationaux que dans les droits définis en France par la loi du 5 mars 2007. Ainsi le Conseil Départemental est responsable de la protection de l’enfance localement « lorsque les conditions d’existence risquent de mettre en danger la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation des enfants » (décret de 1959) et « avec l’accord des personnes détenant l’autorité parentale » (loi de 1984).
Le préfet quant à lui dispose de tous les moyens pour réquisitionner des lieux et imposer aux maires et conseils départementaux le respect de la loi.

Devant le danger que représentent pour ces jeunes enfants la rue, la chaleur, et désormais la violence que M. le préfet est prêt à faire utiliser par ses forces de l’ordre, nous nous employons à les abriter pour l’été. Mais nous n’abandonnons pas notre lutte, des occupations auront encore lieu et nous ouvrons un autre volet : nous saisissons le Défenseur des Droits des enfants, et portons plainte contre M. Eric Spitz, préfet de la Drôme, et contre M. Nicolas Daragon, maire de Valence, pour mise en danger des enfants.

Pas d’enfants à la rue à Valence !

46e jour de lutte, une femme enceinte perd son bébé

Valence, le 25 juin 2017 – Communiqué

Cette nuit, une jeune femme de 20 ans, Mme Elma K., qui devait accoucher mi-juillet a perdu son enfant. Elle dormait dans la rue depuis le 24 mai.

Ressentant de vives douleurs, elle a contacté les secours qui ont dans un premier temps refusé d’envoyer une ambulance. Elle est alors partie à pied de la rue Faventines jusqu’aux urgences de l’hôpital de Valence, sous un orage violent. Une personne s’est arrêtée pour l’y conduire. La préfecture n’hésite pas à rappeler à tous les consignes de sécurité vigilance orange pour la canicule ou les orages, mais interpelée sur les mesures qu’elle prend dans ces circonstances pour les enfants qui dorment dans la rue, elle n’a jamais daigné nous répondre.
Rappelés, les secours avaient entretemps envoyé une ambulance, arrivée rue Faventines alors que la jeune femme était d’ores et déjà aux urgences. Prise en charge, on lui annonçait que son bébé était mort depuis plusieurs jours déjà.
Condamnées à chercher de quoi manger et des lieux pour dormir, les familles à la rue ne bénéficient pas non plus de l’accès aux soins de base.

Depuis fin mars, un collectif de citoyen.ne.s occupe des lieux publics pour que la préfecture, la mairie de Valence et le conseil départemental ne laissent plus des familles avec de jeunes enfants et des jeunes mères enceintes dormir à la rue.
Ces administrations ne respectent pas la loi concernant l’accueil des réfugié.e.s qui impose une prise en charge dans les trois jours. Conséquence de ces actes illégaux : des bébés et des femmes enceintes dorment dehors par tous les temps.

En mars-avril, après nos actions, la préfecture a logé moins de dix familles.
Depuis mi-mai, six familles avec des enfants allant de deux mois jusqu’à 6 ans dorment toujours dans la rue. La préfecture nous laisse occuper des lieux publics mais ne propose aucune solution pérenne.
La Mairie réactionnaire et raciste de Valence ferme les parcs et les lieux d’abri. Le conseil départemental, responsable de la protection de l’enfance, a reporté le rendez-vous qu’il nous avait accordé le vendredi 23 juin.
Toutes ces administrations font le dos rond et refusent de discuter de notre proposition : utiliser une salle de sport de 20 h à 8 h du matin pour héberger les enfants et leurs parents la nuit.

Aujourd’hui il y a un mort, combien va-t-il en falloir pour qu’ils appliquent la loi ?
Combien va-t-il en falloir pour qu’à défaut d’appliquer la loi un hébergement d’urgence soit mis en place ?

On parle d’assassinat lorsqu’il y a préméditation. Ne rien faire d’autre que de mobiliser des dizaines de policiers pour suivre les citoyen.ne.s solidaires et attendre en espérant que ces militant.e.s s’épuiseront et se lasseront ; comment peut-on qualifier cela ?

On est en tout cas loin des mesures de la plus grande humanité revendiquées par le nouveau Président.

Pas d’enfants à la rue à Valence !